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Aujourd’hui, nous allons discuter de la façon dont on peut se libérer des addictions grâce à la méthode très simple d’Allen Carr. Cet auteur à succès britannique a ainsi publié en 1983, à l’âge de 49 ans, un livre visant à accompagner les personnes souhaitant arrêter de fumer. Il avait été lui-même un gros fumeur pendant 30 ans.
Rien ne remplacera la lecture de ce livre, conçu pour convaincre, chapitre après chapitre, que la cigarette ne nous apporte absolument rien, qu’elle ne fait que nous empêcher de vivre la vie que nous méritons, et qu’il est en notre pouvoir d’arrêter de fumer quand nous le désirons. Vous pouvez vous procurer ce livre sur ce lien.
Ce qui est amusant, c’est que ce livre peut être utilisé pour toute autre addiction, comme l’addiction au sucre ou au café, au téléphone ou aux séries. Si vous avez une pratique dont vous savez qu’elle ne vous apporte rien, mais que vous avez du mal à vous empêcher de faire, vous pouvez lire ce livre et remplacer les mots « tabac », « cigarette », « fumer » par cette pratique en question. Je l’ai fait pour le sucre (je parle des sucres ajoutés, hors fruits et sucres lents), et je peux témoigner que ça a fonctionné.
J’écris donc cet article sans n’avoir jamais fumé (sauf un mois en classe de cinquième, je ne suis pas sûre que ça compte…). Toutefois, je reste persuadée de la validité de la méthode, l’ayant appliquée à mes propres addictions. Je commencerai par décrire le raisonnement d’Allen Carr sur la cigarette, avant de discuter de comment nous pouvons l’appliquer au sucre, par exemple.
Pourquoi commence-t-on ?
Pourquoi se met-on à fumer ? Parce que les autres le font, et que nous avons l’impression de manquer de quelque chose. Souvent les hommes veulent avoir l’air viril, et les femmes l’air sophistiqué.
La première cigarette est souvent désagréable. Nous travaillons dur pour finalement tomber sous l’emprise de la cigarette.
Nous pensons apprécier les cigarettes, uniquement parce que nous n’arrivons pas à croire que nous pouvons fumer sans même aimer ça. Mais si l’on se mettait à fumer parce que l’on trouve cela agréable, personne n’aurait jamais fumé plus d’une cigarette.
L’alcool, la bière et le café entrent dans la même catégorie. La plupart des enfants détestent leur goût.
Dans le cas du sucre, ce n’est pas exactement pareil. Le sucre crée souvent un sentiment très agréable dès les premières bouchées, mais parce que, dans notre enfance, on nous a souvent apporté du sucre comme récompense ou comme réconfort. Bébé pleure ? Je lui donne le sein, dont le lait est riche en sucres et en graisses. Plus tard, je te donne une sucrerie si tu as bien agi ou si tu te sens triste. Et arrivé à l’âge adulte, nous associons toute émotion plaisante ou déplaisante à la consommation de sucre.
La dépendance
L’illusion créée par le manque de nicotine
Vient ensuite la dépendance physique à la nicotine. Cette dépendance crée, quelques heures après avoir fini une cigarette, un sentiment de vide que la prochaine cigarette vient estomper et soulager.
D’où l’illusion que la cigarette nous apporte quelque chose. En vérité, elle n’apporte rien. Elle ne fait que retirer de la sérénité, puis en rendre partiellement pour créer une illusion de bienfait.
Il suffit de trois semaines pour éliminer les symptômes de manque. La dépendance chimique à la nicotine est facile à supporter, presque imperceptible. C’est le lavage de cerveau associé qui nous maintient dans la dépendance. C’est pourquoi Allen Carr, par de simples arguments, peut libérer un grand nombre de personnes de leurs addictions.
Cette situation s’applique tout à fait au sucre ou à toute autre habitude. Trois semaines est la durée souvent citée comme nécessaire pour modifier une habitude, comme intégrer une routine sportive le matin. Il faudrait par exemple deux semaines pour renouveler les papilles, qui sont les organes sensitifs présents sur la langue qui sont responsables du goût. Deux semaines sans aliments sucrés, et votre langue sera habituée à ne plus en goûter. S’il vous arrive ensuite de croquer une bouchée de croissant ou de gâteau, votre langue trouvera ce goût bien trop sucré et écœurant.
La seule chose qui nous plait dans la cigarette est la fin de la sensation de manque. Lorsqu’on fume, la cigarette paraît anodine, ou même dégoutante. Mais qu’on en soit privé, et elle devient l’objet de toutes les convoitises. C’est le principe même d’une addiction.
Ce n’est pas que le fumeur apprécie les cigarettes, c’est qu’il ne peut rien apprécier sans elles, car il est soumis au manque.
Le petit monstre tapi en nous
En vérité, le sentiment de panique « Il faut que je fume une cigarette ! », cette peur insidieuse de manquer, est liée au petit monstre tapi au fond de nous qui attend sa dose de nicotine.
Cette peur nuit au sentiment de confiance en lui du fumeur et le rend irritable et nerveux. Si vous avez un soir accompagné un fumeur faire le tour de la ville à la recherche d’un bureau de tabac ouvert, vous savez de quoi je parle.
La personne en proie à une addiction se trouve privée d’une existence pleine de santé, d’énergie, de richesse, de paix de l’esprit, de confiance, de courage, de respect de soi et de bonheur. Et que gagne-t-elle en échange de ces terribles privations ? Absolument rien, sinon l’illusion d’essayer de revenir à l’esprit de paix et de tranquillité dont chaque non-addict profite en permanence.
Lorsque le fumeur atteint le stade où le poison est effectivement en train de le tuer, il considère la cigarette comme son seul courage sans lequel il ne peut affronter la vie (ou plutôt, la mort). On peut entendre le même discours dans la bouche de personnes âgées ou en phase avancée d’un cancer. « Je ne vais pas me priver de la seule chose qui me fait plaisir ! » Le petit monstre les accompagne jusqu’au bout.
Les situations où on a l’illusion que la cigarette nous apporte quelque chose
Le fumeur a l’habitude de soulager son besoin de nicotine lors de certaines occasions particulières. Par association d’idées, il en est venu à penser que la cigarette lui est indispensable dans de telles occasions. Le fumeur est donc à la fois l’esclave et l’admirateur de la cigarette.
Lorsqu’on s’ennuie, plus rien ne détourne notre attention du petit monstre accro à la nicotine. En conséquence, nous lui donnons ce qu’il demande, une cigarette.
Quand nous souhaitons nous concentrer, le stress détourne notre attention de la tâche complexe que nous devons résoudre et vient se poser sur le petit monstre qui réclame sa dose. La cigarette semble nous permettre à nouveau de nous concentrer, mais en vérité elle diminue l’afflux d’oxygène au cerveau et rend la concentration plus difficile.
Quand un problème survient, le fumeur se dit que cela irait mieux avec une cigarette, alors qu’un non-fumeur résoudrait le même problème sans.
Il est essentiel de contrer dès le début l’effet du lavage de cerveau, c’est-à-dire l’idée qu’on ne peut pas vivre sans cigarette. Cela doit être clair : vous n’avez pas besoin de la cigarette et, en continuant de la considérer comme un support ou un stimulant, vous ne faites que vous torturer.
Les cigarettes ne créent pas les moments forts, elles les ruinent en s’imposant à eux.
La cigarette ne comble pas de vide, elle le crée. Le non-fumeur, lui, ne passe pas sa vie à attendre quelques moments de bonheur. Il en profite tout le temps, à moins bien sûr qu’il ne soit sujet à d’autres addictions… Un café, un repas, un bon dessert, un épisode de sa série préférée ?
Comment se libérer des addictions ?
Penser aux risques pour la santé ?
Les fumeurs ne peuvent pas se permettre de penser aux risques encourus pour leur santé. Ils préfèrent éviter le sujet en pensant que le danger ne concerne que les autres.
C’est pourquoi la pub anti-tabac est si inefficace. Elle n’impressionne que les non-fumeurs.
Si nous étions certains que la prochaine cigarette serait celle qui déclencherait la maladie, la fumerions-nous ? Non, en réalité nous pensons, parce que nous nous en sommes bien sortis jusqu’à présent, que la prochaine cigarette n’y changera rien.
C’est le même mécanisme qui nous pousse à consommer junk food et sucreries en tout genre, ou à regarder notre téléphone au volant.
Diminuer sa consommation ?
Allen Carr est très clair sur cette question : Ne diminuez pas votre consommation.
On a l’illusion que, moins on va fumer, moins on aura envie de fumer. En fait, c’est l’inverse. Moins on fume, plus on souffre du manque de nicotine entre deux cigarettes, et plus on apprécie les rares cigarettes qu’on s’accorde.
La réduction de la consommation accroit l’illusion que c’est un plaisir.
Se priver de cigarette, comme de toute autre chose, ne fait qu’augmenter la valeur de ce dont on se prive.
De plus, diminuer sa consommation implique de la volonté et de la discipline, ce qui consomme de l’énergie et ne fonctionne pas toute la vie. C’est pour cela qu’il est paradoxalement plus facile de jeûner que de faire un régime.
Rappelons-nous : On ne se prive de rien en arrêtant de fumer. Se libérer de ses addictions ne présente que de merveilleux avantages.
La petite cigarette, si spéciale soit-elle, n’existe pas. Elle nous condamne à une vie d’aliénation et de maladie, car elle réactive le petit monstre tapi en nous.
Avoir recours à un substitut ?
Avoir recours à un substitut, c’est admettre que vous avez besoin de fumer ou de combler un vide.
Nous admettons implicitement qu’il nous manque quelque chose, que nous nous privons et que nous faisons un sacrifice.
Avoir recours à un substitut, comme les patchs à la nicotine ou la cigarette électronique, ne nous guérit pas du lavage de cerveau, mais le renforce au contraire.
Faut-il être spécial pour arrêter ?
Ne nous croyons pas différent des autres. N’importe quel fumeur peut arrêter. Tout le monde peut comprendre que la cigarette ne lui apporte rien, et que ce n’est que la dépendance chimique et psychologique qui crée l’illusion d’un manque.
Le non-fumeur n’est jamais tombé dans le piège mais il ne devrait pas, pour autant, se croire au dessus des autres. Je me souviens qu’à 20 ans, j’avais une attitude très condescendante envers les fumeurs et la cigarette. Quand on m’a fait remarquer que l’alcool ou le sucre n’étaient peut-être pas mieux, mon ego a trouvé plein d’arguments pour justifier la différence. Mais aujourd’hui, je dois reconnaître qu’il n’en est rien. Quand on consomme quelque chose qui est mauvais pour nous, l’ego doit justifier son acte. Mais en vérité, il ne s’agit que de dépendance, que ce soit à une substance chimique, à un état émotionnel ou à une apparence.
L’effet d’une drogue est de supprimer toute logique dans le comportement du drogué, quel qu’il soit.
La méthode d’Allen Carr pour se libérer des addictions
- Prenez la décision que vous ne fumerez plus jamais.
- Ne vous morfondez pas. Réjouissez-vous au contraire. Il est merveilleux d’être un non-fumeur.
- Soyez sûr que vous pouvez y arriver. Vous n’êtes pas pire qu’un autre. Vous seul pouvez vous forcer à fumer.
- Il n’y a absolument rien à abandonner. Les bons moments seront meilleurs et les mauvais plus supportables, car le stress lié au manque de nicotine n’y sera pas associé.
- « Juste une petite cigarette » n’existe pas. Une cigarette réactive le monstre et provoque une réaction en chaîne. Pourquoi vous punir à ce point ?
- Le fait de fumer n’est pas une mauvaise habitude. C’est une aliénation à une drogue. Acceptons le fait que nous avons contracté cette maladie. Cette maladie ne peut qu’empirer avec le temps. Le seul moyen d’y mettre un terme est d’arrêter de fumer. Et le meilleur moment pour cela, c’est maintenant. La vie, c’est maintenant 🙂
- Une fois que vous avez pris la décision d’arrêter, votre but est en fait atteint. Savourez votre victoire immédiatement. La vie est déjà merveilleuse. Même si vous restez encore sous l’influence de la nicotine, cette influence ne va aller qu’en diminuant, et aura disparu dans trois semaines.
- Quelle que soit la tentation, soyez sûr qu’elle est le fait du petit monstre qui loge dans votre estomac. Ne nourrissez pas le petit monstre. Chaque fois que vous lui résistez, vous gagnez une bataille qui aurait pu être mortelle pour vous. Même si vous y pensez cent fois par jour, c’est cent victoires à votre actif. Savourez chacune d’entre elles.
Les ex-fumeurs sont parfois intransigeants avec les fumeurs. C’est le signe qu’une part d’eux-mêmes croit encore qu’ils font un sacrifice. « Je me sacrifie, et eux non, c’est injuste. » Ils se sentent vulnérables et cachent inconsciemment cette vulnérabilité en devenant agressifs vis-à-vis des fumeurs.
J’ai vécu tellement de fois cette réaction. Par exemple, lorsque je jeûnais seule et que mon compagnon mangeait, ou lorsque je voyais des gens consommer de la junk food ou des sucreries. Depuis que j’ai pris conscience de l’existence du petit monstre, il m’est plus facile de me concentrer sur ma propre liberté. Je n’ai plus à reprocher aux autres de ne pas faire le même sacrifice que moi. Je prends soin de moi. Pourquoi leur en vouloir de ne pas prendre soin d’eux-mêmes ? A moins que mon bonheur ne soit dépendant de leur santé ou de leur force de caractère, mais cela n’est vrai à ce jour que de mon compagnon, à la rigueur.
Rappelez-vous surtout qu’il est formidable d’être libre. Quoi que vous fassiez, ne doutez pas du bien fondé de votre décision d’arrêter.
Rien sur Terre ne peut vous empêcher d’être libre, à moins que vous ne regrettiez votre geste et que vous ne vous morfondiez.
Rappelons-nous toujours que non seulement la cigarette ne produit pas l’effet de détente, de concentration et d’assurance qu’on lui attribue, mais qu’en plus elle détruit notre confiance, notre tranquillité et notre liberté.
Nous méritons d’être libre, car nous avons quelque chose à faire sur cette planète. On n’a pas été créé pour gâcher notre santé et notre potentiel, mais au contraire pour les renforcer chaque jour afin d’exploiter au mieux nos talents.
Nous libérer des addictions est une première victoire. Quelle sera la prochaine ?
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