1. Pourquoi prendre soin de ses reins ?

L’insuffisance rénale et le diabète sont en augmentation dans la population française. Visez un peu : entre 2012 et 2018, selon l’Agence publique de la biomédecine, le nombre de personnes qui reçoivent un traitement médical pour l’insuffisance rénale terminale a augmenté de 22%, en sachant que le diabète serait à l’origine d’environ 40 % d’entre elles.

Précisons que plus d’entre 30% et 70% des personnes en dialyse n’atteignent pas les 5 ans de survie, selon la présence ou non de problèmes cardiovasculaires. La crise sanitaire a frappé ces personnes fragiles dont l’insuffisance rénale était une comorbidité accentuant de manière importante la létalité du COVID-19.

C’est pourquoi il m’a semblé important de partager dans cet article un peu de physiologie du rein sous l’angle de la naturopathie, ainsi que quelques conseils pour prendre soin de ses reins. Cela est d’autant plus important que l’insuffisance rénale fait partie des pathologies dites « silencieuses », qui gagnent du terrain sans symptôme spécifique, du moins dans cette zone du corps. Nous le verrons, certains autres signes, a priori anodins, peuvent révéler un problème rénal.

Le rein constitue l’un de nos principaux émonctoires. En naturopathie, les émonctoires sont des organes qui vont permettre l’élimination des déchets cellulaires et des toxiques environnementaux accumulés par l’organisme au fil du temps.

Il s’agit d’un des principaux facteurs de santé dans le domaine de la naturopathie.

a.       Quels sont les rôles du rein ?

Bien entendu, nous ne pouvons pas faire ici un tour complet de cet organe complexe et essentiel qu’est le rein. Je vous propose de regarder ses principaux rôles :

  • Régulation de l’équilibre acide-base au sein du corps, en collaboration avec les poumons ;
  • Excrétion des déchets azotés :
    • L’urée et l’acide urique (issus de la dégradation par le foie des protéines du corps et issues de l’alimentation), et
    • La créatinine (provenant du fonctionnement des muscles) ;
  • Excrétion des produits toxiques de la dégradation (= métabolites) des médicaments et des hormones, inactivés par le foie ;
  • Fabrication des cellules sanguines par la sécrétion de l’EPO (érythropoïétine), une hormone qui stimule la moelle osseuse rouge ;
  • Régulation de la pression artérielle par la sécrétion d’une autre hormone : la rénine ;
  • Production d’une forme active de vitamine D.

L’urine, résultat de cette machinerie, est ensuite éliminée par les reins qui occupent aussi un rôle clé dans la régulation de l’homéostasie, c’est-à-dire de l’équilibre de notre milieu intérieur et des différentes caractéristiques physiologiques de notre organisme.

Les reins sont donc un filtre sanguin qui va retenir les déchets à éliminer, les minéraux en excès, ainsi que la charge acide du corps. Ce qui permet une alcalinisation. C’est pourquoi l’urine a un pH bas, donc acide !

structure du rein
Structure du rein

b.      L’urine

En moyenne, un adulte évacue quotidiennement entre 1,2 et 1,5 L d’urine. La quantité d’eau éliminée et le volume des urines dépendent de l’état d’hydratation ou de déshydratation de l’organisme.

En vieillissant, la faculté de concentration des urines et la capacité de filtration du sang par les reins diminuent pour atteindre 50 % vers soixante-dix ans en moyenne.

L’urine est alors plus diluée, ce qui peut causer des troubles du sommeil (besoin fréquent d’uriner). Cette concentration urinaire diminuée a un effet indésirable sur l’hydratation et le maintien de l’homéostasie.

c.       Comment nos reins fonctionnent-ils ?

Les reins sont composés de millions de néphrons, qui sont considérés comme des unités filtrantes. Ces unités filtrantes ont un minuscule filtre qu’on appelle le glomérule.

Le sang va passer par ces glomérules, ce qui va permettre de le débarrasser de ses toxines, déchets et excédent d’eau qui sont excrétés dans l’urine.

On comprend alors qu’une lésion ou une infection du rein peut atténuer le rôle des glomérules, parfois de manière tout à fait silencieuse, ce qui aura pour conséquence de créer un dysfonctionnement rénal.

On dit alors en médecine que la personne a une insuffisance rénale, qui peut virer à une chronicité.

d.      La gravité d’un constat

L’insuffisance rénale chronique est une maladie grave et potentiellement mortelle. Les maladies rénales, nommées « silencieuses », ne provoquent aucun symptôme perceptible spécifique, avant un stade avancé.

Il en résulte que : près d’un tiers des dysfonctionnements rénaux sont pris en charge tardivement ; à la phase d’insuffisance rénale chronique où les reins sont endommagés de manière irréversible, les malades font appel à des traitements lourds, dits de suppléance : la dialyse ou la transplantation.

Mon père en dialyse, décédé des suites du diabète

Les maladies rénales touchent près de trois millions de personnes en France ; 1 Français sur 20 a les reins malades sans le savoir !
10%  de la population mondiale est aux prises avec une forme quelconque de dysfonctionnement rénal. Un fléau qui ne cesse de progresser.

Il est donc primordial de prendre soin de nos reins ! Mais comment ?

2. Comment prendre soin de ses reins ?

Je vous présente ici quelques principes de base à adopter pour prendre soin de ses reins.

a.       Observer une hygiène maximale au quotidien

  • Diminuer certains aliments comme : abats, asperges, café soluble et chocolat, cresson, fruits de mer, épinards, fenouil, fruits secs, moutarde en grande quantité, oseille, persil, rhubarbe, thé longuement infusé et vin blanc ;
  • Boire suffisamment d’eau pour éviter la concentration des urines et éliminer les cristaux avant qu’ils ne deviennent volumineux ;
  • Consommer plus de fruits et légumes de toutes sortes, spécifiquement bananes et haricots, riches en potassium (Attention cependant, les personnes dialysées doivent limiter leur apport de potassium afin d’éviter un éventuel excès dans leur organisme entre les traitements).
  • Éviter les eaux minérales trop riches en sels minéraux ;
  • Ne pas retenir le besoin d’uriner, ceci risque de favoriser la prolifération des microorganismes ;
  • Porter des sous-vêtements en coton ;
  • Adopter une hygiène corporelle adéquate, particulièrement pour les femmes, sans abuser des produits irritants destinés à la toilette intime ;
  • Réduire notre consommation de protéines (viandes et produits laitiers) et de sel, surtout en cas de tendance à souffrir de calculs oxalocalciques, dits calculs rénaux.

Le paradoxe des maladies chroniques réside dans le fait qu’elles peinent à trouver les financements pour que les chercheurs puissent mieux les cerner et les vaincre…

Les grands laboratoires confinés dans une logique de profit ne souhaitent pas consacrer les moyens suffisants à ces maladies. Autrement dit : le développement et la commercialisation de médicaments ne sont pas rentables pour les industries pharmaceutiques. Le jeu n’en vaudrait-il pas la chandelle ?

Nonobstant, plusieurs établissements publics et privés ont retroussé la manche et entrepris d’importants programmes de recherche.

b.      Pratiquer des cures saisonnières

Un « grand nettoyage » de printemps s’avère indispensable. Pour ce faire :

  • Utiliser des plantes* qui augmentent la production d’urine et favorisent le drainage des voies urinaires peut être bénéfique en traitement complémentaire ou en prévention. (Si vous êtes insuffisant rénal ou si vous faites des calculs rénaux, les plantes diurétiques peuvent être contre-indiquées).

Certaines plantes dépuratives dites « adaptogènes » aux propriétés diurétiques jouent un rôle de soutien des émonctoires.

Elles augmentent le volume des urines et permettent ainsi de prévenir la formation de calculs ou d’éliminer les bactéries responsables des infections.

*Exemples : le bouleau (sève), la busserole, le genévrier, l’orthosiphon, le pissenlit ou la piloselle.

  • Associer des plantes aux propriétés anti-infectieuses, telles que la canneberge, pour diminuer la fixation de certaines bactéries sur les parois des voies urinaires, ou l’échinacée qui est immunostimulante.

c.       Nous débarrasser des habitudes nuisibles à nos reins

* La consommation du sucre

L’existence des protéines dans les urines est un signe précoce de dysfonctionnement rénal. Certaines études scientifiques (telle que https://cjasn.asnjournals.org/content/14/1/49) ont démontré que les personnes qui consomment deux ou plusieurs boissons sucrées par jour ont une plus grande probabilité d’avoir des protéines dans leur urine.

* L’habitude du café

Tout comme le sel, la caféine peut élever la tension artérielle et mettre une pression supplémentaire sur nos reins. Au fil du temps, la consommation débridée de café peut endommager nos reins (cf. article 7 bonnes raisons d’arrêter le café)

* L’abus d’antalgiques

Les antalgiques sont des médicaments chimiques et sont filtrés par les reins et le foie. A terme, une trop forte utilisation peut nuire aux fonctions de ces organes vitaux.

Pour leurs petites douleurs, n’hésitez pas à avoir recours aux remèdes naturels disponibles, efficaces et 100 % naturels.

* La consommation d’alcool

Le simple bon sens : l’alcool est une toxine qui alourdit le fonctionnement des reins et du foie.

* Le manque de sommeil

Pendant la nuit, notre organisme répare les tissus rénaux endommagés ; il est donc primordial de ne pas négliger cet aspect-là de la santé afin que notre rein puisse se régénérer.

Par ailleurs, un manque de sommeil peut être associé à de nombreuses maladies autres que l’insuffisance rénale.

* Les carences en vitamines et en minéraux

Pour une bonne fonction rénale, il est important de suivre une alimentation saine et équilibrée incluant les fruits et des légumes frais. La vitamine B6 et le magnésium, par exemple, sont très importants pour réduire le risque de calculs rénaux. Ne pas les manquer !

* La surconsommation de protéines animales

En particulier, la viande rouge aboutit à une surcharge métabolique ou un dysfonctionnement de nos reins.

d.      Le dépistage précoce pour mieux prendre soin de nos reins

Pour plus d’un tiers des personnes qui souffrent d’une insuffisance rénale chronique (IRC), le diagnostic est posé à la dernière minute : ils doivent alors être dialysés en urgence.

Un rein contient 1 million de néphrons ; ces minuscules unités fonctionnelles au sein desquelles s’effectuent la filtration du sang et la formation de l’urine. Une maladie qui ne serait pas détectée à temps peut les détruire de manière irréversible.

Comment savoir si nos reins fonctionnent encore bien ?

Voici une liste (non exhaustive) de signes précurseurs de reins qui ne fonctionneraient pas correctement.

La plus facile à voir, c’est la couleur de notre urine.

Au réveil, les urines doivent être bien foncées, car le corps filtre tout le sang pendant la phase de sommeil. Si les reins fonctionnent bien, les urines doivent être foncées. Au fil de la journée, et surtout, lorsque nous buvons suffisamment, les urines s’éclaircissent. Une coloration inhabituelle des urines doit être prise au sérieux.

En dehors de ce signe, on peut citer :

  • Une fatigue importante
  • Une miction fréquente
  • Des nausées et/ou vomissements
  • Une perte d’appétit
  • Essoufflement anormal par rapport à d’habitude
  • Apparition de crampes nocturnes, de démangeaisons, d’œdèmes
  • Présence de sang dans les urines (urémie)
  • Une peau sèche et jaunâtre

Mais aussi des pathologies ou des problèmes récurrents comme des troubles du sommeil, une hypertension artérielle, une anémie, un œdème des membres inférieurs, une fragilité osseuse, un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral, peuvent être des indications alarmantes.

L’insuffisance rénale chronique cause des anomalies de concentration du calcium et du phosphore sanguins.

Cela a des conséquences non seulement sur les os, qui sont déminéralisés, mais aussi sur les vaisseaux qui peuvent se calcifier, entrave une bonne circulation sanguine et entraine l’athérosclérose. Prendre conscience de ce problème tôt est donc important.

Mais le mieux serait d’anticiper et de prendre soin de nos reins dès maintenant. Je vous propose donc dans ce qui suit quelques gestes à adopter, simples, pour y parvenir.

e.      Comment protéger nos reins ?

Même en bonne santé, il existe des gestes simples pour nous prémunir de l’insuffisance rénale et avoir des reins en bonne santé.

  1. Pratiquer une activité physique régulière : nager, marcher, courir, faire du vélo… autrement dit, BOUGER ! La transpiration évacue les toxines par la peau et allège la surcharge de travail pour nos reins.
  2. Manger d’une manière équilibrée et saine afin de contrôler notre poids, en adoptant une alimentation variée, basée sur la consommation des produits frais. En d’autres termes : prévenir l’obésité qui est souvent associée au diabète et a des conséquences néfastes reliées à l’insuffisance rénale ;
  3. Être attentif à notre consommation de sel (la maintenir à moins de cinq grammes par jour) ; l’excès de sel favorise l’hypertension ;
  4. Boire entre 1,5 et 2 litres d’eau par jour. Une bonne hydratation réduit le risque de maladie rénale ;
  5. Diminuer les apports en protéines, en phosphates et en potassium ;
  6. Arrêter de fumer. Le tabac favorise l’apparition d’une insuffisance rénale en réduisant le flux sanguin vers les reins. Il accélère l’évolution des maladies rénales. En plus, il accroit le risque de cancer du rein de 50 %.
  7. Se méfier également des régimes très protéinés, qui peuvent favoriser l’insuffisance rénale.
  8. Éviter l’automédication. Ne pas abuser des antidouleurs. La prise régulière des antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène ou l’aspirine peuvent endommager nos reins. Certains médicaments immunosuppresseurs, et pilules anticonceptionnelles, de même. Garder la vigilance quant à l’abus de diurétiques et de laxatifs.
  9. Ne pas ignorer l’appel des premiers signes de faiblesse rénale ! De nos jours, nous oublions trop souvent de nous connecter à notre corps, à le scanner quotidiennement pour déceler des signes qui pourraient éviter tout problème futur.

3. Conclusion

Une approche diététique préventive est ainsi indissociable de la bonne santé de nos reins.

Dans le cas d’une atteinte déjà caractérisée des reins, il n’y a pas de secret. L’importance d’une approche alimentaire saine et adéquate s’accentue à mesure que l’insuffisance rénale progresse.
Dans les autres cas, les règles d’hygiène citées en amont préserveront non seulement nos reins, mais seront en plus bénéfiques pour la santé cardiovasculaire ainsi que le maintien de notre poids de forme.

Prenez soin de vous et à bientôt pour un nouvel article sur l’un de nos organes !