Écoute positive, écoute bienveillante, écoute active, les adjectifs ne manquent pas pour décrire ce qu’on pourrait appeler la VRAIE écoute ; l’écoute, tout simplement.

La personne qui, à mes yeux, a le mieux résumé ce qu’était l’écoute est pour moi Thomas d’Ansembourg. Vous pouvez acquérir son livre « Cessez d’être gentil soyez vrai » en version texte classique ici ou illustrée ici.

Vous allez peut-être vous demander, mais qu’est-ce que ceci a à voir avec la santé ?

Écoute et bien-être

Si, comme moi, vous pouvez passer des heures à vous demander si vous avez dit la bonne chose, si vous n’auriez pas dû dire autre chose, vous taire ou au contraire prendre la parole lorsque vous n’avez rien dit, et à vous tourmenter en imaginant la façon dont votre interlocuteur a pu mal prendre ce que vous avez dit ou penser que vous êtes tellement bête d’avoir dit ça ; ou si, autre cas possible, vous regrettez que vos proches ne se confient pas plus à vous, alors :

  1. Le Travail de Katie Byron peut vous aider à débunker ces pensées stressantes qui vous habitent (voir article précédent ici),
  2. Développer l’art de l’écoute vous aidera à prendre conscience de la force qu’il y a à écouter plutôt que parler, ou à écouter avant de parler, et surtout à vous écouter VOUS avant de parler, plutôt qu’à imaginer ce que d’autres pourraient souhaiter entendre,
  3. Cette capacité à écouter vous apportera une tranquillité et un bien-être qui vous permettront de dégager une énergie MONSTRE pour penser et faire des choses constructives, plutôt que de ruminer la situation passée.

En résumé, écouter est propice à votre bien-être mental, et donc physique, ainsi qu’à celui de vos proches.

Ce que crée un manque d’écoute

Nous sommes nombreux à nous sentir insuffisamment écoutés. Nous allons même parfois jusqu’à recourir à des professionnels (psy, thérapeutes, etc.), chèrement rémunérés pour simplement nous écouter.

Cette impression – souvent réelle, d’ailleurs – de ne pas être écouté crée un sentiment de solitude, une tristesse et une frustration, qui peut aller jusqu’à l’agressivité et la violence, si nous ne trouvons pas les mots et l’espace pour l’exprimer.

La plupart de nos problèmes relationnels proviennent en réalité d’un manque d’écoute mutuelle.

Une éducation qui ne favorise pas l’écoute

Il faut dire que depuis notre enfance, nous sommes en quelque sorte conditionnés à deviner les besoins des autres – parents, professeurs, collègues – pour les anticiper et éviter d’être jugé négativement et rejeté. Dès lors, non seulement nous n’écoutons pas nos propres besoins, mais nous n’écoutons même pas tellement ceux des autres, certains que nous sommes de les avoir déjà identifiés.

Ainsi nous agissons le plus souvent en RÉACTION à notre peur du regard des autres, plutôt qu’en RÉPONSE à une véritable écoute de nous-même et de l’autre.

Qu’est-ce que l’écoute n’est pas ?

Comment savoir que nous n’écoutons pas vraiment ? Et ces heures passées au téléphone, à table ou dans le couloir, à discuter avec les collègues et la famille ? Que faisons-nous quand les autres nous parlent, si nous n’écoutons pas ?

Prenons l’exemple de quelqu’un qui ne va pas bien. Typiquement, la personne qui a besoin de partager son mal être et d’être écouté. Cette personne vient et commence à vous décrire la situation qui la met dans cet état.

Les réactions habituelles peuvent être de plusieurs types. J’écarte tout de suite les réactions agacées (Tu n’as pas l’impression de te plaindre tout le temps ? Qu’est-ce qui se passe encore ?) ou culpabilisantes (Comment peux-tu dire une chose pareille ?) qui peuvent bien sûr exister, et ne développerai ici que les réactions bienveillantes, qui n’ont pour seule intention que d’aider l’autre. En effet, ce qui est intéressant, c’est que même des réactions qui traduisent les meilleures intentions, qui se veulent réellement bénéfiques pour l’autre, peuvent se révéler tout à fait inefficaces dans le sens où la personne ne va se sentir ni écoutée ni comprise.

1 – Dénis ou réduction

« Mais ce n’est pas grave, ne t’inquiète pas, ça va passer ! », « Mais non, tu en fais trop, tu t’inquiètes pour rien ! »

Avec ce genre de réaction, je cherche à minimiser la souffrance de l’autre. Encore une fois, je crois bien faire, mais je n’accueille pas la souffrance de l’autre.

2. Évaluation

« Je suis d’accord / je ne suis pas d’accord avec ta vision des choses », « C’est un très bon conseil qu’il t’a donné là. », « Ça sert à rien de réagir comme ça. », « Ce n’est pas ça qui va t’aider »

Je donne mon avis sur la situation, quitte parfois à remettre en cause l’opinion qui vient de m’être partagée.

3. Enquête

« Qu’est-ce qui va se passer si tu fais ça ? », « Tu ne crois pas que ça va poser problème pour (le sujet qui vous préoccupe vous) ? »

Je pose des questions car je cherche les réponses à mes propres préoccupations.

4. Interprétation

« C’est parce que tu es trop sensible. », « Tu fais trop attention à ce genre de chose. »

Je cherche à expliquer les motivations et les comportements de l’autre.

5. Conseil

« Tu devrais prendre l’air, ça te changerait les idées. », « Tu devrais lui faire confiance. », « Je serais toi, j’en profiterai pour faire ceci/cela. »

Je donne mon avis sur ce que la personne devrait faire pour s’en sortir.

6. Retour sur soi

« Moi aussi, j’ai connu des moments difficiles. », « Quand j’avais ton âge… », « Il m’est arrivé exactement la même chose la dernière fois. »

Je ramène la situation à moi et à ma propre expérience, je parle de moi.

Ce sont des réactions tout à fait naturelles, qui peuvent avoir leur place dans une conversation mais qui sont TOUT sauf de l’écoute.

Pourquoi n’écoutons-nous pas toujours ?

Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer ce manque d’écoute.

  • Nous cherchons souvent à minimiser la souffrance de l’autre ou nous tentons de l’en distraire (viens prendre l’air !) quand nous sommes trop effrayés par cette souffrance. Elle évoque peut-être inconsciemment une souffrance intérieure que nous n’avons pas pris le temps de guérir, et que nous préférons ignorer. C’est notre propre besoin de sécurité qui s’exprime.

Écouter l’autre, c’est avoir CONFIANCE en sa capacité de trouver par lui-même ses solutions.

  • Nous croyons souvent que nous sommes responsables de l’état de l’autre, que c’est notre rôle de prendre en charge sa souffrance et de résoudre son problème. C’est notre image de « sauveur », notre besoin de reconnaissance qui s’expriment.

Écouter l’autre, c’est accepter qu’il n’y a RIEN à faire, juste à être présent.

  • Nous sommes parfois pris par un certain orgueil de la performance : faire la bonne chose, dire la bonne parole, montrer que nous savons beaucoup de choses. C’est notre envie de plaire qui prend le dessus.

Écouter l’autre, c’est se concentrer sur la SEULE « performance » de l’écoute : se connecter à soi et permettre à l’autre de se connecter à lui-même.

  • Il y a des personnes que nous idéalisons. Nos parents, nos amis, notre conjoint. Nous avons une haute idée de ces personnes, ou plutôt une haute idée de ce qu’ils DEVRAIENT être. Et nous nous retrouvons parfois incapables de les accepter tels qu’ils sont, et donc de les écouter.

Écouter l’autre, c’est accepter la réalité TELLE qu’elle est, et non telle que nous souhaiterions qu’elle soit.

Qu’est-ce que l’écoute ?

L’écoute est tout d’abord une observation la plus objective possible de la situation. Écouter les mots, observer la posture de l’autre. Observer également les sentiments que cela fait naître en nous, afin de ne pas réagir sous leur emprise. Accepter qu’il n’y a rien de particulier à dire, rien à faire. Simplement offrir de l’espace à l’autre pour s’exprimer. Moins nous centrer sur notre propre image, et plus se tourner vers l’autre, accepter de partager ce moment avec lui.

L’écoute c’est aussi prendre la parole pour reformuler les paroles de l’autre, et refléter ses sentiments. « Est-ce que c’est bien ça que tu veux dire ? ». S’assurer d’avoir bien compris ce que l’autre voulait exprimer.

La clé de la connexion à l’autre : la connexion à soi

Se sentir écouté allège une grande partie de la souffrance. Et écouter apporte la satisfaction d’avoir partagé un moment de qualité avec l’autre, une présence véritable, loin de nos scénarios intérieurs.

Je ne dis pas que cette démarche peut permettre de se connecter à tout le monde, ou qu’il faut écouter tout le monde… Mais commencez avec les gens que vous appréciez, que vous désirez réellement comprendre, et vous allez voir vos relations s’illuminer !

J’ai pu remarquer que cette posture avait une certaine efficacité même sur les personnes qu’il peut être pénible d’écouter. Le collègue qui se plaint tout le temps… le monde s’acharne contre lui. Et voilà le cercle vicieux enclenché : tout le monde trouve désagréable de l’entendre se plaindre, et plus personne ne l’écoute. Vous avez déjà essayé de lui proposer des solutions ? Il n’en veut pas, il n’écoute rien ! C’est normal, il veut simplement ÊTRE écouté. Il ne demande rien d’autre. Écoutez-le, et vous aurez peut-être la chance d’observer sa frustration diminuer, et de le voir s’assouplir un petit peu. Il en arrivera peut-être même à trouver des aspects positifs à sa situation.

Et au pire, si ça ne produit pas de résultat, vous aurez au moins exercé votre art de l’écoute 🙂

Bonne écoute !