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Dans un article précédent sur l’écoute (que vous pouvez consulter en cliquant ici), nous avons vu que l’ego fait souvent obstacle à notre connexion aux autres… mais aussi à nous-même. Est-ce à dire que notre ego, ce n’est pas nous ? Mais alors qui sommes-nous ?
L’esprit humain est complexe et il existe sans doute mille façons de le modéliser. Je voudrais vous en partager une aujourd’hui qui m’a beaucoup touchée.
L’ego, ce protecteur envahissant
Toutes les situations que nous vivons sont à même de réactiver des blessures en nous. Le mot blessure désigne ici un schéma mental gravé en nous dans le passé, le plus souvent dès notre plus tendre enfance (voir à ce propos le livre de Lise Bourbeau, Les 5 blessures qui nous empêchent d’être nous-même). Lorsque cette blessure est réactivée, l’ego se réveille pour nous protéger. Son rôle est d’éviter que la blessure ne se ravive trop, et d’empêcher la douleur de nous submerger. A ses yeux, nous sommes un être faible à défendre !
Nous adoptons alors un comportement de défense visant à colmater la brèche, recouvrir la blessure d’un voile pudique. L’agressivité, la fuite, la plainte et les larmes, la fermeture sur soi, l’attention exclusive aux autres, sont autant de comportements-types que nous adoptons alternativement en réaction à une situation vécue comme une menace. Nous sommes alors comme en pilote automatique, observateur passif de notre comportement. Et nous sortons rarement de ces situations en étant satisfaits de nous-mêmes. Nous en sortons plutôt affaiblis, épuisés, car l’ego puise dans notre énergie mentale pour contrôler notre comportement.
Comment reprendre la main sur notre ego ?
Une solution pour sortir de ces comportements de défense et reprendre le contrôle de la situation est, tout d’abord, d’identifier quand l’ego prend le dessus. Pour cela, il est important de s’accorder une pause, et d’observer nos pensées. Qu’est-ce que vous vous dites lorsque vous êtes déstabilisés ?
Il n’est jamais agréable de reconnaître que nous sommes dominés par notre ego (les autres oui, nous non !). Cela peut être culpabilisant. Et c’est encore là le fruit de notre ego, qui ne veut pas que nous l’identifions comme tel, de peur de disparaître.
Une piste pour le rassurer est, à chaque fois que nous le reconnaissons, de le remercier pour les efforts qu’il fait pour nous protéger. Vous pouvez aussi lui donner un petit nom, ce qui, en plus de rendre ce dialogue plus rigolo, vous permettra de mieux vous dissocier de lui.
Avec ces quelques techniques, il peut devenir très amusant de traquer son ego, ce protecteur envahissant. C’est comme un jeu de piste que nous nous offrons à nous-mêmes. Il suffit d’en connaître les quelques règles, et d’accepter de tomber dans ses multiples pièges.
Les signes caractéristiques de l’ego
1. Il ne vit pas dans la réalité ni dans le présent
L’ego peut être considéré comme une excroissance mentale qui se nourrit de notre énergie pour créer son propre monde. Il est formé par la totalité de nos croyances.
Il ne vit pas dans le présent, mais toujours dans le passé (regrets) ou dans le futur (craintes). Logé dans notre mémoire et dans notre imagination, il nous passe en boucle des images du passé et du futur, nous empêchant d’être conscients de la réalité présente. Lorsque j’en prends conscience, j’ai parfois l’impression de me réveiller d’un film.
2. Il a construit sa propre image
C’est comme s’il devait se convaincre perpétuellement qu’il existe, lui qui n’a aucune réalité ni aucun ancrage dans le réel. « Moi je », « moi je », l’ego croit nous connaître par cœur. Personne ne peut lui apprendre quoi que ce soit sur nous. Il est persuadé de savoir ce qui est bon pour nous.
3. Il parle en termes de Bien et de Mal
L’ego n’est pas capable d’observer de manière neutre la réalité. Il a un jugement de valeur sur tout ce qui se passe. Faire ce qu’il considère comme bien le valorise, faire ce qu’il considère comme mal le blesse dans son orgueil. C’est l’ego qui nous fait ressentir tant de culpabilité lorsque nous sortons du rail.
4. L’ego aime avoir et faire
L’ego s’identifie aux choses qu’il possède et aux personnes dont il s’entoure. Il aime les titres et les signes de distinction qui lui donnent l’impression d’être quelqu’un. Qu’avons-nous peur de perdre ? Répondre à cette question permet d’identifier les choses et les êtres auxquels nous nous identifions.
5. Il aime les superlatifs
L’ego abuse des exagérations. « Toujours », « jamais », « tout le monde », « personne », « rien », sont ses mots favoris. C’est la manière qu’il emploie pour nous convaincre de la réalité de ce qu’il dit.
6. Il dit souvent « Il faut »
« Il faut », « je devrais », « j’aimerais ». L’ego aime employer ces expressions qui lui permettent de cacher ses peurs, de parler fièrement de toutes ces choses qu’il pense secrètement ne pas être capable de faire.
7. L’ego ne sait pas écouter
Sur cette partie, je vous renvoie à l’article sur l’écoute (en cliquant ici). Tout ce qui nous empêche d’écouter les autres, et nous pousse à ramener la situation à nous ou à donner des conseils sans qu’on nous l’ait demandé, est une manifestation de l’ego, qui cherche sans cesse à exister.
8. Il aime les compliments
Il est assez incroyable de lister tout ce que nous faisons dans l’espoir inconscient d’être félicité et complimenté. Choisir avec soin ses vêtements et veiller à son apparence, raconter ce que l’on fait sans qu’on nous le demande, acquérir des connaissances, rendre service.
Il se pourrait même que, lorsque nous refusons un compliment, c’est que nous souhaiterions être encore meilleur pour en recevoir d’autres. Notre ego aime croire que nous sommes humbles lorsque nous nous dévalorisons, mais en réalité il recherche également des compliments à travers ces élans de modestie.
9. L’ego se justifie et se défend
L’ego s’identifie aussi à ses capacités et à ses opinions. C’est pour ça qu’il accepte si mal les critiques et les débats. Il se cherche des excuses et voit des attaques partout. Pour éviter les critiques, il peut nous pousser à rechercher la perfection dans ce que nous faisons.
Il peut même percevoir des conseils comme des critiques, et aime croire qu’il n’en a pas besoin. « Je le sais », « Moi, j’ai dépassé ça », « Oui mais ».
10. Il se compare et critique
L’ego se compare constamment en mieux ou en moins bien par rapport aux autres. Quand il est en présence de quelqu’un qu’il considère comme mieux que nous, il ne sait plus quoi faire car il a peur de paraître pour quelqu’un d’inapproprié.
Il utilise souvent les critiques pour rabaisser les autres à ce qu’il pense être sa hauteur et se hisser au-dessus d’eux. « Comme elle a grossi ! », « Il n’arrête pas de parler », « Est-ce possible de conduire aussi mal ? », « C’est une vraie victime », « Comment peut-elle me faire ça ? », « Comment peut-on accepter de vivre comme ça ? » Il exprime ainsi que nous sommes beaucoup mieux que tous ces gens, et que jamais nous ne nous retrouverions dans leur situation.
11. Il sait mieux que les autres ce qui est bon pour eux
L’ego adore se mêler des histoires des autres. Cela lui permet de se flatter de la réussite des autres, et de montrer comme il a de bonnes idées et de grandes connaissances. Il aime croire que nous agissons pour le bien des autres. Il ne sait pas que quand il a peur pour les autres, c’est en fait qu’il a peur pour lui.
Ce comportement fait que, quand nous commençons à porter attention aux signes de l’ego, nous les voyons bien plus facilement chez les autres que chez nous, et sommes portés à le leur faire remarquer. Or, si l’ego n’aime pas être démasqué par nous-même, il aime encore moins l’être par les autres !
La peur de l’ego
L’ego fait donc tout ce qu’il peut pour prendre le dessus et nous empêcher de ressentir nos blessures. Il cache notre crainte principale, celle d’être rejeté, celle de ne pas être aimé. Plus cette peur en nous est forte, plus il percevra l’extérieur comme une menace, se coupera de la réalité et prendra de la place pour nous protéger.
Si nous ne l’entendons pas, si nous ne l’acceptons pas, l’ego peut se manifester par d’autres biais, notamment physiques. Les raideurs, les douleurs aux articulations, les problèmes d’artères, de constipation, peuvent être le signe d’un ego qui a besoin d’être rassuré.
En conclusion, pour apprivoiser son ego et reprendre progressivement la maîtrise de notre vie, une piste est d’identifier le moment où notre ego prend le dessus, le saluer, parler avec lui (on est plusieurs dans notre tête…), le remercier pour ce qu’il fait pour nous protéger, et le rassurer sur notre capacité grandissante à faire face à nos blessures. Grâce à lui, nous avons identifié un besoin d’amour, et ça c’est un vrai cadeau.
La chasse au trésor commence !
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